samedi 23 avril 2011

L'effet Layton et son impact probable sur la campagne électorale


Au Québec, je pense que l'effet Layton est réel même s'il reste fragile. Cela pourrait faire mal au Bloc québécois puisqu'une partie du vote de gauche se déplacerait au NPD, notamment à Montréal. Reste à savoir si cela se transformerait en comté(s) pour le NPD.

Chose certaine, comme je le mentionnais en entrevue à Huguette Young du Journal de Montréal, il devient très difficile pour Monsieur Duceppe de s'attaquer à Monsieur Layton à ce stade-ci de la campagne électorale.

La rhétorique qu'utilise normalement Monsieur Duceppe pour affaiblir Monsieur Harper ne pourra pas être employée pour démoniser Monsieur Layton, un politicien qui profite d'un très fort capital de sympathie au Québec comme ailleurs dans le pays. Le ton de Monsieur Duceppe devra s'ajuster au risque d'apparaître déplacé et malveillant.

Dans le reste du pays, la situation au Québec pourrait avoir un impact négatif sur le parti Libéral car le vote anti-conservateur trouverait sans doute une niche au sein du NPD. Depuis 5 jours, la firme de sondage Nanos constate d'ailleurs qu'une portion significative du vote Libéral (environ 6-7 %) se déplace du côté du NPD dans le reste du Canada

Pour un maniaque de marketing politique comme moi. l'effet Layton est un phénomène rare et donc fascinant à observer. En fait, c'est l'unique attrait de cette campagne plutôt terne jusqu'à maintenant.

mercredi 20 avril 2011

Sondage Harris/Décima sur l’image de 25 personnalités publiques


Récemment, j’étais invité à commenter les résultats d’un sondage Harris/Décima pour le compte du Reader's Digest sur l’image de 25 personnalités publiques, dont le maire de Québec, Régis Labeaume, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, le député de Québec solidaire, Amir Khadir, le maire de Montréal, Gérald Tremblay et le premier ministre Jean Charest.

Après une année de scandales tous azimuts, le magazine Reader’s Digest, sous la plume de Marc-André Sabourin, vous a donc demandé « à qui faites-vous confiance ? » parmi les personnalités publiques au Québec et au Canada. Qui plus est, on vous a aussi demandé « à qui feriez-vous confiance ? » pour gérer votre portefeuille, garder vos enfants, etc.

Enfin, dans un dernier article, le magazine Reader’s Digest jette un coup d’œil sur la réputation des institutions – banques, syndicats, etc. On y découvre que lorsqu’il est question de votre portefeuille, vous ne faites pas confiance à n’importe qui.

dimanche 17 avril 2011

Le marketing politique à l'ère du Web 2.0

Je participais récemment à une entrevue sur l’utilisation des médias sociaux en marketing politique. L’objectif de Janic Tremblay, journaliste à l’émission Les années lumières, était de collecter l’information disponible sur le marketing politique dans les médias sociaux et de mettre en garde l’électeur contre la propagande à l’ère du Web 2.0.

Depuis 5 ans, il est vrai, les médias sociaux ont transformé l’univers du marketing politique grand public. Partout, ces plateformes remportent un succès considérable. Ce n’est pas un hasard.

Pour les électeurs, les médias sociaux permettent de s’informer, de consulter et d’échanger avec les partis. Pour la plupart des politiciens, Internet représente une opportunité extraordinaire de présenter ses idées et d’interagir avec les électeurs. Pour écouter l’entrevue, cliquer ici.

dimanche 3 avril 2011

Sur les origines et l'efficacité de la publicité politique


Notre époque est marquée par un extraordinaire développement des moyens de communication. La politique et la publicité ne font pas exception à la règle. Les campagnes électorales reposent désormais sur l’utilisation massive de la publicité politique.

En 2004 seulement, on évalue que les dépenses en publicité politique aux États-Unis ont atteint 1,5 milliard $ (Vranica, 2004). À elle seule, la publicité politique représente 50 à 75% de l’ensemble des investissements en communication encourus durant les campagnes électorales (Devlin, 1997). C’est dire la place qu’occupe la publicité dans les stratégies politiques modernes.

La publicité politique est née aux États-Unis en 1952 avec la campagne du général Eisenhower. Les conseillers en communication de l’élection américaine de 1956 généralisèrent la pratique des spots publicitaires et utilisèrent les premières publicités politiques négatives.

Selon Maarek (1992), trois éléments expliquent l’antériorité de la publicité politique aux États-Unis : le système électoral, la tradition de « communication démocratique » de ce pays et l’antériorité de la pénétration des médias de masse modernes.

Au Canada, le Parti conservateur fut le premier à employer la publicité télévisée en 1957. Au fil des ans, les techniques publicitaires se perfectionnent et leur utilisation se généralise. Les messages publicitaires politiques sont plus courts et on utilise massivement des images pour communiquer l’information.

Dans les faits, la course au mandat électoral est devenue une véritable industrie et il serait difficile d’imaginer une campagne électorale sans message publicitaire. De nos jours, la publicité politique prend plusieurs formes. On sait que les spécialistes de la publicité politique ne vendent pas seulement un programme électoral ; ils mettent aussi en forme des slogans, des discours, des symboles et des images.

La communication politique viserait à implanter des images dans la tête des électeurs. Ces images jouent un rôle clé dans le processus de décision des électeurs (Miller, Wattenberg et Malanchuk, 1986). Les émotions et les activités des candidats sont soigneusement programmées en fonction de leur impact médiatique.

Dans les années quatre-vingt-dix, les analyses scientifiques portant sur la publicité politique se multiplent. Plusieurs études s’intéressent aux effets de la publicité politique. Selon le cas, ces travaux reposent sur des recherches en laboratoire, des sondages ou des groupes de discussion.

La recherche a montré que la publicité politique jouait un rôle central durant les campagnes électorales (Patterson & McClure, 1976 ; Ansolabehere & Lyengar, 1985). Elle permet aux candidats de se positionner sur l’échiquier.

Dans les faits, l’impact de la publicité électorale s’exercerait principalement chez les individus qui effectuent tardivement le choix du candidat auquel ils accorderont leur vote (Nadeau et Bastien, 2003). En revanche, les chercheurs n’ont pas consacré beaucoup d’énergie à décortiquer les messages textuels et iconiques de la publicité politique.

Une partie non négligeable de la recherche en publicité politique porte sur les effets de la publicité négative sur l’électorat. La publicité négative découragerait les électeurs en augmentant le cynisme à l’égard de la politique. Dans la plupart des cas, elle ne serait pas efficace (Garramore, 1984 ; Merritt, 1984).

Mais certains chercheurs croient plutôt le contraire (Perloff et Kinsey, 1992 ; Pinkleton, 1997). Les messages négatifs obtiennent généralement des scores de mémorisation plus élevés que la moyenne, probablement parce qu’ils reposent sur l’émotion.

Il se peut aussi que ce soit parce que la publicité négative attire davantage l’attention des médias que la publicité positive. La publicité négative serait particulièrement efficace auprès d’auditoires moins sophistiqués et elle n’entraînerait pas d’effet boomerang.

Certains auteurs se demandent s’il faut répondre à la publicité négative. Il faut noter que la plupart des études portant sur la publicité négative ont été menées en laboratoire et qu’elles utilisent des candidats et du matériel fictifs.

Quelques études s’intéressent aux effets des médias et du placement publicitaire sur l’électorat. On sait que les comptes rendus et l’analyse de la publicité électorale font maintenant partie intégrante de la couverture média des campagnes électorales.

En campagne, les journalistes accordent beaucoup d’attention aux messages humoristiques ou controversés. Les analyses de contenu confirment que les médias s’intéressent davantage aux messages négatifs que positifs.

Curieusement, la publicité politique semble plus efficace que les nouvelles télévisées pour transmettre des informations sur les enjeux de la campagne. Trigoboff (1998) a montré qu’en période électorale, les bulletins de nouvelles consacrent désormais plus de temps à la publicité politique qu’à la couverture des événements politiques.